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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 17:16

 

 

 

 

 

Le Rosario était ancré depuis quelques jours dans le port de Nantes. Un homme accompagné d'un chef de quai suivait avec inquiétude le déchargement de ses malles. Elles se balançaient dans le vent de ce matin printanier et se posaient sur le sol sans ménagement dans un fracas métallique.

Il s'inquiétait pour les bibelots fragiles et les œuvres d'art entreposés à l'intérieur, mais il n'osait pas faire d'esclandre, le chef de quai n'avait pas l'air très coopératif.

Ludwig Andréas Josef Marie von Eichendorff, n'était pas un descendant du poète Josef Freiherr, c'était un ancien officier nazi qui rentrait s'installer en France après un exil de vingt et un ans en Argentine.

 

 

 

Il avait quitté discrètement la France le vingt-huit août mille neuf cent quarante-quatre, les nazis commençaient à partir du camp de Natzweiler en Alsace.

Profitant d'une opportunité grâce à son ami, Josef Kramer, le responsable du camp qui avait de nombreuses relations au Vatican, il s'enfuit en passant par l'Italie où il avait embarqué le dix-neuf septembre à Gènes pour l'Argentine.

Par ses relations d'officiers et avec l'accueil fait par Juan Perón aux réfugiés nazis il trouva rapidement les aides pour refaire une nouvelle vie.

Il changea d'identité sous le nom d'Andréas Schmitt, ingénieur agronome. Pour quelqu'un qui ne savait pas faire la différence entre un champ de blé et un champ de seigle c'était un comble.

 

 

A l’Université d' Heidelberg il avait fait des études de philosophie et obtenu un diplôme de professeur.

Arrivé à Buenos Aires, il rencontra d'autres réfugiés qui l'accueillirent avec joie et lui proposèrent de reprendre une énorme propriété d'élevage de chevaux dans la Pampa à quelques kilomètres de Tandil.

Bien qu'il ne connasse rien à l'élevage ou à l'agriculture il accepta sans hésitation.

On lui expliqua qu'il n'avait pas de soucis à se faire, il y avait suffisamment de personnel sur place pour faire le travail. Les gauchos étaient compétents, il n'aurait qu’à jouer le patron.

Rapidement il réussit à faire fructifier son élevage et à exporter vers l'Europe.

Cependant, malgré les relances de ses compatriotes pour le rencontrer, il restait secret et discret faisant peu de visite. Il est vrai qu'avec ses neuf cents hectares, il lui était difficile d'aller boire le café chez le voisin et évoquer avec eux les souvenirs de la guerre et des tortures ne le passionnait pas.

 

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