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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 16:18

 

Bien que je ne sois pas superstitieux, ça porte malheur ; je n'arrive pas à sortir un mot de ma bouche. Nous terminons la carafe d'Armagnac en silence. Sous l'effet de ce breuvage je me sens mieux.

Ayant repris mes esprits je propose au comte qu'il me laisse quelque temps de réflexion, je prendrai ensuite contact avec le notaire.

Il accepte en me laissant quarante huit heures, visiblement il est pressé de partir pour l'éternité.

Ému, je me lève difficilement et prends congé en le remerciant pour son hospitalité.

 

- Il se fait tard, vous n'allez pas partir dans la nuit, votre chambre est prête, vous pouvez d'ores et déjà dormir au château.

 

Je suis courageux, mais les émotions de cette journée m'incitent à prendre un peu de recul.

 

- Mon cher comte, je suis très touché de votre votre hospitalité et vous remercie, mais j'ai réservé une chambre à l'hôtel du village. En plus l'hôtelière est au courant que je suis ici, elle va s'inquiéter si je ne rentre pas et, compte tenu de la renommée de cette propriété, elle risque d'appeler les gendarmes pour signaler ma disparition. Vous savez elle m'a conseillé de ne pas venir ici, l'endroit est soi-disant dangereux.

 

- Je comprends, je connais ces gens-là, bien qu'eux ne me connaissent pas. Alors, je vous dis adieu, nous ne nous reverrons plus.

 

Il est vingt huit heures trente lorsque je rentre à l'hôtel. La patronne me dit qu'elle commençait à s'inquiéter. Je la rassure lui disant que tout va bien, sans bien sûr lui raconter ce que je viens de vivre.

Après une petite collation, je monte dans ma chambre.

 

Je passe une nuit d'insomnie entrecoupée de somnolences et de cauchemars. Au matin je décide d'accepter la proposition du comte et de me rendre chez le notaire. Advienne que pourra, ma curiosité l'emporte.

Le notaire est disponible et me reçoit sans attendre. C'est un vieux monsieur qui a dépassé l'âge de la retraite depuis belle lurette, son étude semble sortir tout droit du dernier siècle.

Maître Durand me dévisage derrière son pince-nez qui le fait ressembler à un cobra et me dit :

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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 17:07

 

En 1731, j'ai découvert dans une vieille malle cachée au fond d'un grenier un ouvrage bizarre qui semblait être apocryphe, intrigué je l'ai dépoussiéré, le titre en était «  Evangelium Cornélius »

Eh bien mon ami, ce livre a été la cause de mes déboires.

Je l'ai emmené à la bibliothèque pour l'examiner tranquillement. Mon épouse Catherine, comme attirée par une force démoniaque l'a ouvert, aussitôt, elle s'est effondrée tremblante de spasmes, le visage cyanotique. Le château vibrait, on entendait des cris, des hurlements montaient des profondeurs du sol. Je me suis évanoui.

A mon réveil les domestiques étaient près de nous et pleuraient la disparition de leur maîtresse, eux aussi avaient entendu le vacarme et ne comprenaient rien.

Mes prières déprécatoires ne firent rien pour rétablir la situation. Remis de mes émotions je trouvais une lettre sur mon bureau, écrite me semble-t-il avec du sang. Cette lettre disait :

«  Toi Comte de Frontignac tu as osé déranger et toucher mon livre sans être initié aux secrets. Pour cela tu vas mourir, mais ton âme restera dans le château jusqu’à ce que tu découvres le septième héritier mâle.

Après cela seulement, tu pourras rejoindre ton corps et trouver la paix pour l'éternité. «  

 

- Voilà cher ami, j'ai retrouvé le septième héritier.

Il ne vous reste plus qu'à vous rendre chez Maître Durand qui possède toutes les preuves et signer les documents qu'il vous présentera.

Je pourrai enfin reposer en paix.

Ah, encore deux choses importantes que je dois vous communiquer.

Cet ouvrage diabolique est toujours ici, bien caché, il est convoité par de nombreuses personnes, ne le cherchez pas et, si vous le trouvez ne l'ouvrez pas.

 

Deuxièmement, vous devrez résider en permanence au château et le conserver dans son état sans rien modifier à son architecture. Vous ferez peut-être des rencontres qui feront disparaître définitivement la malédiction.

Que de mystère, je suis devant lui comme un rond de deux flancs, je ne sais quoi répondre, mon sang s'est figé en écoutant cette histoire rocambolesque.

 

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 10:11

 

D'un geste de la main il me propose un fauteuil en face de lui, pendant qu'il s'installe à son bureau. Du tiroir de droite il sort un document et me fait la lecture.

 

- En l'an de grâce 1712, le 12 septembre, moi comte Arnould de Frontignac, lègue toutes mes propriétés et ma fortune à Guislebert Jehan de Frontignac, mon héritier de la septième génération, suivant l'acte notarié signé ce jour devant maître Durand. Notaire à Bergerac.

 

- Mais, mon cher comte, je ne comprends rien. Que signifie tout cela ? En quoi suis-je concerné ?

 

Il me dévisage un instant avec un sourire narquois qui me semble une éternité.

- Mon cher, vous êtes le comte Guislebert Jehan de Frontignac, mon unique héritier de la septième génération. Si vous voulez bien nous allons prendre place au petit salon, ce sera plus confortable et convivial. Je vous donnerai toutes les explications

 

Nous nous installons au petit salon. Le comte a apporté un plateau d'argent sur lequel se trouve une carafe en cristal et deux verres ballon ainsi que des petits gâteaux.

- Vous aimez l'Armagnac ? Ce breuvage est ma faiblesse, il vient de mes vignes, de nos vignes, devrais-je dire.

 

Un Armagnac vieux de trois cents ans, ou il est méphitique ou alors c'est un nectar. C'est plus qu'un nectar, un délice des Dieux ! Les gâteaux eux aussi sont délicieux, d'une saveur qui n'existe plus aujourd'hui. Je ne cherche pas à comprendre l'origine de ces délicatesses, après tout nous sommes en 1731.

 

- Comme vous pouvez le constater en regardant la bibliothèque, je suis un bibliophile chronique, les livres rares sont ma passion, comme l'Armagnac !

Mes ancêtres étaient des guerriers ou batifolaient à la cour, moi je chasse les livres.

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 11:28

 

 

Je regarde cette façade défraîchie. Malgré les affres du temps elle ne me paraît pas très abîmée. Les volets sont fermés, sauf à une fenêtre du premier étage où un rideau à bougé, une silhouette apparaît et disparaît furtivement. Un frisson me traverse le dos.

 

Je monte d'un pas hésitant les marches usées et me dirige vers la porte d'entrée. Tremblotant, j'approche ma main du heurtoir en bronze. Je n'ai pas le temps de toucher que la porte s'ouvre lentement, sans bruit.

Je reste coi un instant, stupéfait et, prenant mon courage à deux mains, j'entre.

Le hall d'entrée d'une propreté étincelante est éclairé par de nombreux chandeliers et candélabres. Le sol en marbre de Carrare brille sous la lumière des bougies. Des portraits d’ancêtres sont accrochés aux murs et me regardent avec bienveillance. Comment est-ce possible que tout soit aussi propre et entretenu dans ce château abandonné depuis des siècles ?

La porte se referme discrètement derrière moi, on entend juste un léger cliquetis de la penne qui rejoint la serrure.

J'entre de plein pieds dans un autre monde.

Nous somme le 14 mai 1731 !

 

D'un pas lent avec un port aristocratique le comte s'approche de moi.

 

- Soyez le bienvenu à Frontignac mon ami. Entrez, je vous attendais avec impatience.

 

Ce n'est pas possible je rêve, je me frotte les yeux. Il est là devant moi en costume d'époque. Il porte une grande veste en velours vert avec des broderies d'or, une chemise à manche ballon et un jabot de mousseline, des bas de soie, des chaussures plates noires avec une boucle dorée, et sur sa tête une perruque poudrée.

Il m'observe avec bienveillance, mais son visage est sépulcral malgré la poudre blanche agrémentée d'un peu de rose sur les joues.

Il m'invite à le suivre dans sa bibliothèque où règne une ambiance feutrée, enjolivée par la douce chaleur de la cheminée, dans laquelle brûle un grand feu de bois. Tous les murs sont recouverts de livres anciens.

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 15:11

 

Il est là, devant moi, majestueux, j'ai l'impression d'être déjà venu ici, tout me paraît familier. Serai-je en train de divaguer ?

L'endroit est silencieux, aucun bruit, aucun chant d'oiseau ne vient troubler la sérénité de cet endroit maudit.

Un peu angoissé tout de même je m'avance lentement vers le portail, me souvenant de l'aventure des réfugiés.

Tremblotant, je pose ma main sur la poignée, la porte s'ouvre sans effort, sans grincement, malgré la rouille et les deux cents cinquante ans d'intempéries. Je suis toujours vivant.

 

L'allée du parc conduisant à l'entrée du château est envahie de ronces et de broussailles diverses. Un arbre effondré par le poids des années me coupe le passage, j'avance difficilement dans cette jungle.

Au fond de mon esprit mon impression se confirme, je connais cette propriété, j'ai vécu ici, dans une autre vie.

Je m’arrête un laps de temps devant l'escalier monumental qui mène à la porte d'entrée et observe cette façade, que vais-je trouver à l'intérieur ? Encore faut-il que j'arrive à pénétrer.

 

Un rayon de soleil sortant entre les nuages irradie de sa lumière orangée la vieille façade fatiguée par des années de silence. Un signe de bienvenue, car à ce moment-là les oiseaux se mettent à chanter.

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 11:36

 

Carlo est un ami de longue date, nous avons fait nos études ensemble à

l' Institut Descartes d'Amsterdam et régulièrement nous passons quelques jours de vacances en famille. Il est professeur de sémantique à l'université de Messine.

A midi nous nous retrouvons comme convenu chez Graziella, une de ses anciennes élève qui a préféré la restauration à la littérature, elle n' avait toute façon pas le choix, il fallait quelqu'un pour reprendre l'affaire familiale.

Quelle joie de se retrouver après ce périple cauchemardesque. Pendant le repas je lui narre en détail l'aventure que je viens de vivre. Il ne comprend pas qu'un tel événement puisse arriver en Sicile, moi non plus d'ailleurs. En plus ce mystérieux comte qui m'invite dans son château en disparaissant. Le pire c'est que je devrais recommencer ce soir à raconter cette histoire à toute la famille, et avec la grand-mère superstitieuse il va y avoir du spectacle.

 

J'arrive enfin à Rocca di Capri Leone avec un jour de retard, tout le monde est déjà informé, l'information est passée hier soir à la télé. Mamma mia...

Après avoir réexpliqué en détail mon aventure je peux enfin savourer un peu de repos et me remettre de mes émotions. Toute la famille est pleine d'attention pour moi comme si j'étais un ressuscité de l'au-delà, surtout la grand-mère très pieuse qui veut connaître ce qui se passe de l'autre côté.

 

La lettre du comte hante mon esprit «  venez au plus vite je vous attends »

Que peut bien signifier tout cela ? Pourquoi a-t-il disparu pendant l'accident ? Que pouvait signifier son grimoire sur lequel mon nom était mentionné ?

Je veux en avoir le cœur net et décide de rentrer en France.

Mes amis ne comprennent pas mon départ précipité, je promets de revenir rapidement.

Carlo propose de me conduire à Catane, il ne veut pas que je reprenne cet autocar diabolique. La cérémonie d'adieux terminées et munis d'une image pieuse que m' a donnée la grand-mère, nous prenons la route.

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 11:03

La suite de l'autocar sicilien!

 

 

Il est huit heures, je me réveille à l’hôpital de Messine après une nuit passée en observation de tous genres.

Le Professeur Bernardo Bortolucci, c'est écrit sur son badge, vient me rendre visite. Il m'observe avec un sourire compatissant et m'informe dans un français parfait que je peux quitter l'hôpital dès que je souhaite car je n'ai aucune séquelle de ce drame.

Je n'aime pas le milieu hospitalier, malgré l'accueil chaleureux et les infirmières avenantes, je ne me fais pas prier, ramasse mes affaires et quitte cette ambiance aseptisée.

 

Le ciel est bleu, la chaleur du soleil printanier me fait oublier cet incident dramatique, quel plaisir de retourner à la vie.

Sans plus attendre je me dirige vers la trattoria en face de l'hôpital et m'installe à la terrasse. Malgré le copieux petit déjeuner de l'hôpital la liberté retrouvée me donne envie d'autre chose.

Je commande un cappuccino et des croissants, la serveuse avec sa mini-jupe bien moulante me redonne goût à la vie, que c'est bon de retourner dans le monde des vivants.

Je téléphone à mes amis de Rocca di Capri Leone qui doivent s'inquiéter de mon silence. Carlo est abasourdi par mon aventure, il propose de venir me chercher à Messine. Je lui dis que c'est une longue route pour venir ici, de toute façon la compagnie de transport nous offre le taxi en dédommagement.

Carlo ne veut rien entendre et me donne rendez-vous chez Graziella qui tient un restaurant sur la via Victtorio Emanuele II en bord de mer près de la Fontana del Nettuno.

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 09:41

Soyez amoureux

Crevez-vous à écrire

Regardez le monde

Fréquentez les écrivains du bâtiment

Ne perdez pas votre temps

Ecoutez la musique et regardez la peinture

Lisez sans cesse

Ne cherchez pas à vous expliquer

Ecoutez votre bon plaisir

Taisez-vous.

 

( E. Hemingway)

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 17:16

 

 

 

 

 

Le Rosario était ancré depuis quelques jours dans le port de Nantes. Un homme accompagné d'un chef de quai suivait avec inquiétude le déchargement de ses malles. Elles se balançaient dans le vent de ce matin printanier et se posaient sur le sol sans ménagement dans un fracas métallique.

Il s'inquiétait pour les bibelots fragiles et les œuvres d'art entreposés à l'intérieur, mais il n'osait pas faire d'esclandre, le chef de quai n'avait pas l'air très coopératif.

Ludwig Andréas Josef Marie von Eichendorff, n'était pas un descendant du poète Josef Freiherr, c'était un ancien officier nazi qui rentrait s'installer en France après un exil de vingt et un ans en Argentine.

 

 

 

Il avait quitté discrètement la France le vingt-huit août mille neuf cent quarante-quatre, les nazis commençaient à partir du camp de Natzweiler en Alsace.

Profitant d'une opportunité grâce à son ami, Josef Kramer, le responsable du camp qui avait de nombreuses relations au Vatican, il s'enfuit en passant par l'Italie où il avait embarqué le dix-neuf septembre à Gènes pour l'Argentine.

Par ses relations d'officiers et avec l'accueil fait par Juan Perón aux réfugiés nazis il trouva rapidement les aides pour refaire une nouvelle vie.

Il changea d'identité sous le nom d'Andréas Schmitt, ingénieur agronome. Pour quelqu'un qui ne savait pas faire la différence entre un champ de blé et un champ de seigle c'était un comble.

 

 

A l’Université d' Heidelberg il avait fait des études de philosophie et obtenu un diplôme de professeur.

Arrivé à Buenos Aires, il rencontra d'autres réfugiés qui l'accueillirent avec joie et lui proposèrent de reprendre une énorme propriété d'élevage de chevaux dans la Pampa à quelques kilomètres de Tandil.

Bien qu'il ne connasse rien à l'élevage ou à l'agriculture il accepta sans hésitation.

On lui expliqua qu'il n'avait pas de soucis à se faire, il y avait suffisamment de personnel sur place pour faire le travail. Les gauchos étaient compétents, il n'aurait qu’à jouer le patron.

Rapidement il réussit à faire fructifier son élevage et à exporter vers l'Europe.

Cependant, malgré les relances de ses compatriotes pour le rencontrer, il restait secret et discret faisant peu de visite. Il est vrai qu'avec ses neuf cents hectares, il lui était difficile d'aller boire le café chez le voisin et évoquer avec eux les souvenirs de la guerre et des tortures ne le passionnait pas.

 

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 11:01

 

Si je parie que Dieu n’existe pas et que je gagne, qu’est-ce que je gagne ? La liberté de ne pas obéir à ses lois, par exemple aux commandements, et de poursuivre des plaisirs terrestres.

Mais si je perds, parce que en réalité Dieu existe, qu’est-ce que je perds ? Je risque la damnation, une éternité de souffrance.

A l’inverse si je parie que Dieu existe, et que je me trompe, qu’en fait il n’existe pas, qu’est-ce que je perds ? J’aurai suivi sa loi pour rien, et renoncé à essayer de me procurer des plaisirs et un bonheur terrestre, c’est-à-dire que je ne perds pas grand-chose, car l’homme est de condition fort misérable, sans cesse la proie de déceptions, de souffrances, de maladies, etc.

Mais si je gagne mon pari, si Dieu existe effectivement qu’est-ce que je gagne ? D’aller au paradis pour jouir d’une vie éternelle de félicités et de délices.

Si je parie que Dieu n’existe pas, je ne gagne pas grand-chose et je risque de perdre beaucoup.

Si je parie que Dieu existe, je perds peu de chose, mais j’ai une chance de gagner énormément.

Il y a entre les deux, entre ce que j’engage et ce que je risque de gagner ou de perdre, toute la disproportion entre le fini et l’infini.

Il est clair que le second choix est infiniment plus avantageux et qu’il n’y a pas à hésiter.

 

( Philippe van den Bosch. La philosophie et le bonheur.)

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